"Mesdames et Messieurs,
Cher amis, Bonsoir !
Ce soir, le Beirut Art Film Festival clôture sa 8è Edition en présentiel, à l’ALBA.
Dans notre pays qui vit des temps de destruction, de faillite et de corruption, vivre l’art n’est pas une fuite en avant ou en arrière ; non, vivre l’art est d’abord un exercice indispensable dans notre devoir de résistance, dans notre responsabilité vis-à-vis de la jeunesse et de l’avenir. C’est aussi l’exercice qui donne à voir notre humanité, dans sa force mais aussi dans sa fragilité. Gilles Deleuze affirmait : L’art, c'est ce qui résiste : il résiste à la mort, à la servitude, à l'infamie, à la honte. Et nous, au BAFF, nous sommes 100% art, 100% culture, 100% liberté.
Dans un fameux article publié dans le Corriere della Sera, en 1975, et intitulé la Disparition des Lucioles, Pier Paolo Pasolini, dont nous venons de célébrer le 100e anniversaire, dénonce le rapport entre les puissantes lumières, dominatrices et écrasantes, celles du pouvoir, et les lueurs survivantes de l’humanité, celles des lucioles. Si le poète-réalisateur a fini par désespérer de cette résistance, nous, au Liban, qui trainons au coeur des ténèbres de l’enfer depuis 1975, continuons à espérer, à observer et à croire dans nos lucioles. Nos Libanaises qui continuent de se battre pour un avenir lumineux. Et c’est dans le noir de notre quotidien que l’étincellement de nos lucioles acquiert une valeur inestimable.
Au moment où les Libanais perdent espoir et prennent le large, nous avons décidé de rester et de continuer. Dans cette gravure-trophée créée pour le festival par Alia Mouzannar, cette continuité, est représentée par un arbre robuste et profondément enraciné dans la terre. Et tout autour de cet arbre, tournoient les lucioles, merveilleusement incarnées par Muriel Aboulrouss et Denise Jabbour, les fondatrices de la série web libanaise Zyara.
Chère Denise, chère Muriel, nous nous sommes rencontrées pour la première fois en 2016, à vos débuts et aux débuts du BAFF. Et vous aviez produit, avec le soutien de l’ambassade des Etats-Unis, 3 émouvants portraits d’artistes dont celui de Pierre Geagea qui a fait son chemin depuis.
La série web Zyara que vous avez lancé en 2014 a très vite rencontré de nombreux succès internationaux et une reconnaissance enviable !"